dimanche 2 septembre 2012

5. Mieux se connaître en améliorant ses capacités de mouvement


Bienfaits d’une pratique de la Méthode Feldenkrais  
A l’heure où de partout montent les sirènes des marchands de bonheur immédiat, pompeusement étiquetés du label développement personnel, il est nécessaire de revenir de façon pragmatique à un réel que nous sommes tentés de fuir : nous-mêmes dans notre réalité incarnée, évoluant dans un environnement précis.

Soyons tout d’abord rassurés : le développement personnel existe. Nous le rencontrons tous dès lors que nous arrivons, vivants sur cette planète. Toutes les recherches le prouvent, tant que nous sommes vivants, nous sommes nés pour apprendre, et notre vie n’est qu’un long chemin de ce développement que l’on dit personnel, mais qui ne se fait pas sans lien avec notre environnement immédiat ou lointain.

Vivants, nous le sommes. Sommes nous conscients de ce qu’une des caractéristiques du vivant, justement, ce soit d’être fait pour le mouvement, qui lui-même, en retour, agit sur la forme et l’organisation de nous-mêmes. Il en est ainsi de l’amibe. Il en est aussi ainsi des organismes plus complexes tels que le nôtre.

Cette complexité même n’est possible et viable qu’à la condition expresse de connaître, dans une intériorité concrète, une capacité à se réorganiser lorsque l’équilibre se trouve compromis. Notre vie est suspendue à cette impérieuse nécessité de se réinventer une homéostasie.

Cette réinvention permanente de notre équilibre interne est soumise, sur cette terre, à une constante physique dont nous étudions les effets sur les équilibres galactiques, mais dont nous avons assez peu consciente qu’elle commande à la forme et à la longueur de nos os, à l’agencement de nos articulations, à notre organisation neuromusculaire, et de là à notre substrat psychologique conscient et inconscient : la gravité.

Le génie de Moshé Feldenkrais (1904-1984), physicien et pratiquant du judo (qu’il a contribué à introduire en France), fut de mettre au service de son intuition d’un lien complexe entre les organisations neuropsychologiques et comportementales et l’organisation des mouvements en tant que signature de nos apprentissages, un regard scientifique rigoureux sur les impératifs créés par la gravité pour obtenir un mouvement harmonieux susceptible de participer à notre ré harmonisation homéostatique.

Intuition géniale que les recherches de Francisco Varela en biologie, Antonio Damasioet Alain Berthoz en neurophysiologie, appuyées par la découverte, encore balbutiante, de la neuroplasticité, sont venues confirmer. Il est toutefois regrettable que, pour le moment, aucune étude portant sur les effets de la prise de conscience par le mouvement sur les réorganisations neurokinesthésiques ne soit envisagée.

La Méthode Feldenkrais, dans le champ émergent de l’éducation somatique (qui regrouperait les méthodes similaires que sont la Technique Alexander, l’Eutonie, l’antigymnastique de Thérèse Bertherat, etc.…), est cette proposition pédagogique d’un apprentissage par le mouvement, non pour apprendre « du » mouvement, mais pour mieux sentir ce que le mouvement provoque comme changement en nous-mêmes, selon son mode d’organisation.
Il s’agit de faire des petits mouvements répétés, souvent inhabituels, lentement et avec un minimum d’effort, le praticien attirant l’attention de ses élèves sur tel ou tel détail de leur « façon de faire ».

Il arrive parfois qu’au passage, des problèmes d’ordre physique puissent trouver, dans cette « prise de conscience », des solutions. Favorisant une meilleure organisation somatique dans le contexte de la gravité, comment pourrait-il en être autrement ? Ces effets parfois immédiats ne font pas de la méthode une thérapie, bien que (ici encore les études manquent), on peut noter son apport complémentaire dans l’accompagnement des femmes enceintes, dans les rachialgies chroniques rebelles à tout traitement, dans les neuropathies, les troubles dépressifs, etc.… Mais encore une fois, cette liste non exhaustive ne demande qu’à être confirmées par des études inexistantes aujourd’hui, et la méthode ne cherche pas à remplacer les thérapies classiques mais à les appuyer.

La Méthode Feldenkrais d’éducation somatique se pratique en séances collectives ou individuelles (Intégration fonctionnelle ou IF), enseignée par des praticiens ayant complété une formation de quatre années accréditée par l’International Feldenkrais Federation et certifiés par l’Association Feldenkrais France. Les étudiants ayant suivi leurs deux premières années sont habilités à enseigner les leçons collectives de « Prise de conscience par le mouvement (PCM) ».


Xavier Lainé
Manosque, 10 novembre 2008

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire